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BIP n° 50 - Plus ça change, plus c'est pareil

La politique du gouvernement pour les Français à l’étranger, telle qu’exposée le 3 septembre par le ministre des Affaires étrangères devant l’Assemblée des Français à l’étranger, ne paraît pas répondre aux espoirs que certains avaient pu formuler dans un changement – pour ne pas dire une rupture, même avec un ministre ex socialiste.

La promesse de la gratuité de l’enseignement français à l’étranger ? Elle a fondu comme neige au soleil. D’abord restreinte aux trois classes du secondaire, la voilà maintenant bornée à la seule terminale, du moins pour cette rentrée scolaire, ce qui coûtera quand même de 5 millions d’euros cette année et de 20 millions en 2008. On peut douter que l’extension de cette mesure à la première puis à la seconde soit finançable. Et il reste que le choix de favoriser les seules familles d’enfants scolarisés dans le secondaire est tout-à-fait injuste.

La création de députés représentant les Français à l’étranger ? Pourtant avancée par le Président de la République, elle n’a même pas été mentionnée, pas plus que la modernisation et le renforcement de l’AFE.

L’action sociale à l’étranger ? Sous l’égide de M. Catta, nouveau directeur de la DFAE, elle doit « redéfinir ses orientations ». Après des années de vaches maigres, de suppressions de postes, il est à craindre que cette expression cache en fait d’autres diminutions des moyens pour les commissions sociales des consulats, pour les CMS et le nombre d’assistantes sociales.

Il en est de même pour le réseau consulaire. Nous sommes bien évidemment favorables à son évolution, pour tenir compte des mouvements de la population française et de la diplomatie économique. Notre préférence irait à la mise en œuvre de coopération européenne dans le domaine consulaire comme dans celui de la délivrance des visas Schengen. Mais là encore force est de constater que jusqu’ici cette « évolution » s’est traduite par des fermetures de consulats ou leur transformation en structures diverses telles que « consulats d’influence » qui ne sont plus des consulats et qui n’ont aucune influence, par des suppressions d’emplois et de crédits. Il n’y a guère de changement à escompter : les restrictions budgétaires ne peuvent que se resserrer, étant donné les déficits créés par les choix politiques du gouvernement Sarkozy, et la faible capacité du Quai d’Orsay à défendre ses orientations.
Je ne me réjouis pas de tout cela et j’aurai sincèrement préférer qu’il y ait rupture, qu’il y ait changement pour nos compatriotes à l’étranger mais force est de constater, pour le moment, qu’il n’en est rien ; c’est aussi mon devoir de le dire !

Richard Yung
Sénateur des Français établis hors de France


Publié le 10 septembre 2007