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Tchad : La crise

Pour la première fois, un pays de l’Union (la France) assume les responsabilités de défense et de sécurité de tous les citoyens communautaires et au delà (États-Unis, pays du Maghreb, du Machrek et du Golfe). Tous ceux qui croient en l'Europe s'en réjouiront, d'autant que cette action s'est faite sur mandat européen et non du Conseil de sécurité !

Richard Yung

Tchad : La crise

(Source : la Dépêche du Quai d’Orsay)

La crise des derniers jours au Tchad a conduit le Quai d’Orsay à jouer à nouveau son rôle de coordination interministérielle pour ce qui est de l’aide à nos ressortissants sur place. Pour la première fois, il a également assumé le rôle d’Etat-pilote pour l’ensemble des ressortissants européens.

Dès le 31 janvier, une équipe de soutien aux situations de crise composée de neuf agents volontaires du ministère des Affaires étrangères et européennes était déployée à N’Djamena dans les centres de regroupement pour y accueillir les nombreux ressortissants français et étrangers qui s’y sont présentés de façon spontanée. Nous avons relayé l’information à nos compatriotes et aux ressortissants de plus de 60 pays présents à N’Djaména par les ondes de RFI qui a diffusé des messages à leur intention pour les inviter à rejoindre les points de regroupement.

Dès le 1er février à Bruxelles, la France proposait à ses partenaires européens d’assurer le rôle d’Etat-pilote en matière de protection consulaire au Tchad, où seule l’Allemagne et la France sont représentées. Cette proposition constituait la première mise en œuvre de ce concept, adopté par le Conseil de l’Union européenne et visant à améliorer la protection des ressortissants des Etats membres de l’Union européenne en temps de crise dans les pays tiers, notamment quand certains Etats membres n’ont pas de représentation dans le pays concerné.

En tant qu’Etat-pilote, la France a ainsi coordonné les mesures d’information, de regroupement et de transport par vols d’avions Hercules et Transall hors de N’Djaména vers Libreville d’environ 300 ressortissants de 12 autres Etats membres de l’Union européenne.

Au-delà des pays européens, les militaires français ont apporté leur assistance à des ressortissants de plus de 60 pays. L’Organisation des Nations unies a également bénéficié du concours de l’armée française.

Au moment fort des combats en ville, les militaires français ont organisé plusieurs extractions de ressortissants dans des quartiers de la capitale particulièrement exposés. Les personnels des ambassades des Etats-Unis, d’Allemagne, de Chine et d’autres pays ont également été exfiltrés lors d’opérations terrestres ou héliportées.

Au total, ce sont plus de 1 400 personnes (dont 600 Français) qui ont pu quitter N’Djaména à bord des avions militaires français, pour rejoindre dans un premier temps Libreville, puis, pour plus de 900 d’entre eux, la France.

La mobilisation du réseau diplomatique, qu’il s’agisse de notre ambassade à N’Djaména, mais aussi celle de Libreville, qui a dû pourvoir à l’accueil de plusieurs centaines de familles dans des conditions d’urgence, de nos ambassades et consulats dans la région et des services du ministère des Affaires étrangères et européennes, a été totale. Dès le 2 février au matin, un numéro vert était mis en place à la disposition des familles, avec l’aide de dizaines d’agents du Quai d’Orsay tous volontaires. Il a reçu depuis son ouverture près de 4 000 appels.

A Paris, un dispositif d’accueil particulièrement étoffé s’est mis en place dès l’arrivée du premier avion le 3 février au soir, avec l’aide de la Croix-Rouge française, du Secours catholique, du Samu 93 et du Samu de Paris, du COGIC, du Comité d’entraide aux Français rapatriés et de la préfecture de la Seine Saint-Denis. Cet accueil a permis d’atténuer le choc du retour en France pour près de 600 de nos compatriotes et 300 étrangers attendus par leurs ambassades et consulats respectifs. L’ensemble des équipes, des ambassades et des consulats reste entièrement mobilisés.


Publié le 09 février 2008