BIP n° 23 - La gauche italienne a gagné, grâce aux Italiens de l'étranger
Enfin une bonne nouvelle : la gauche italienne a gagné – même si c’est de peu. Elle nous montre la voie, en faisant voter ses 3,5 millions d’Italiens de l’étranger, formant une circonscription extérieure divisée en quatre zones. Ils ont élu, par correspondance dans les consulats, 12 députés et 6 sénateurs les représentant, dans les mêmes conditions que les Italiens de la péninsule. Mieux : leur vote a été décisif car c’est l’apport des 4, voire 5, sénateurs de gauche élus à l’étranger qui a permis à l’Unione de Prodi d’avoir la majorité au Sénat.
Certains, en France, feront la
moue en disant « la gauche ? une gauche du centre ? ». Mais la réalité est là :
les idées que nous défendons pour l’organisation générale de l’économie et de la
société, ce qu’on a appelé « le modèle européen de société » sont majoritaires
au sein des peuples européens. C’est une erreur de sauter comme un cabri en
dénonçant la toute puissance de l’idéologie libérale ; nous devons plutôt mettre
en commun nos forces afin de développer des propositions d’actions
gouvernementales et locales qui répondent aux enjeux du chômage, de
l’insécurité, de la construction européenne, de la société civile. C’est ce qu’a
fait l’Unione de Romano Prodi, cette coalition de toutes les forces de gauche,
des catholiques de la Marguerite jusqu’aux communistes orthodoxes de
Rifundazione, en passant par ceux de la DS, les centristes de l’Olivier et une
dizaine d’autres formations.
Nous avions bien senti lors de sa visite au
Congrès du Mans qu’il se passait quelque chose en Italie : sa manière de parler
de la construction de la maison commune de la gauche, la primaire ouverte à tous
pour désigner le candidat premier ministre, tout cela faisait souffler un vent
annonciateur de victoire et de renouveau.
Le peuple italien a su réagir
sainement et ne pas céder aux mirages du populisme.
Pourtant, le
« cavaliere » n’avait pas lésiné sur les moyens, fait déverser des torrents de
populisme et de démagogie par ses chaînes de télévision, de radio, ses journaux,
et osé traiter de « couillons » les électeurs de gauche. Il lui fallait faire
oublier une mandature de cinq ans (la plus longue depuis la Libération)
complètement gaspillée et gâchée : dégradation de la situation économique,
détérioration de la balance commerciale, croissance des impôts et du déficit
public - n’avons-nous pas en France une situation analogue ? La législation
berlusconienne n’a servi que ses propres intérêts : loi sur les conflits
d’intérêt, sauvetage de sa chaîne Rete 4 (loi Gaspari), dépénalisation de la
falsification de bilans, accroissement considérable de la publicité officielle
et publique sur les chaînes de son groupe au détriment de la RAI. Pendant
l’exercice de son mandat de Président du Conseil, l’homme le plus riche d’Italie
est ainsi passé de la 55ème fortune mondiale à la 25ème, tout en clamant que sa
politique était la défense « du petit » contre « les gros » !
Après
l’Espagne, l’Italie rejoint la famille de gauche. Nous espérons que la France se
ressaisisse elle aussi, dès 2007, et reprenne le dialogue sur la construction
européenne.
Richard Yung
Sénateur représentant les Français établis
hors de France