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De la poudre aux yeux contre le chômage

« Je ne laisserai personne sur le bord du chemin » a-t-il dit sur un ton si convaincu qu’on aurait presque eu envie de le croire. Sarkozy est, décidément, un comédien merveilleux… Dommage que l’on ne puisse en dire autant de ses talents politiques. Prônant des « solutions innovantes » lors de son discours pour l’emploi à Rethel, il n’a, en réalité, fait que réchauffer des mesures déjà existantes -qu’il avait par ailleurs combattues-.

Sa mesure phare : 100 000 contrats aidés de plus pour l’année 2009, est d’inspiration socialiste. Elle fait partie des aides que le Gouvernement actuel s’est acharné à démonter jusqu’à présent. Le Président montre une nouvelle fois ses incohérences. Le nombre de contrats aidés a ainsi baissé depuis son élection et il va désormais augmenter. Ce manque total de continuité et de prévisibilité est pourtant nuisible pour l’emploi et l’insertion professionnelle. Le soi-disant « pragmatisme » de Sarkozy est en fait une façon artificielle d’améliorer les statistiques du chômage et de poursuivre son entreprise de démolition de la gauche. Il a d’ailleurs, dans un élan pathétique, tenté une attaque en règle contre Lionel Jospin, évoquant un « revenant » qui aurait fait aveu d’impuissance alors qu’il était au Gouvernement. Mais, n’était-ce pas lui justement, qui avait relancé les contrats aidés ?...

Sa deuxième mesure « choc » est l’extension des contrats de transition professionnelle (CTP) aux 20 bassins d’emplois les plus touchés par la crise. Ce contrat, qui concerne aujourd’hui 7 zones d’emplois défavorisées, a pour but de mieux encadrer les chômeurs (1 conseiller pour 30 chômeurs contre environs 170 à l’ANPE) qui continuent de percevoir l’intégralité de leur dernier salaire net pendant un an, afin qu’ils reprennent un emploi rapidement. L’idée n’est pas mauvaise en soi. Mais il faut savoir que ces contrats ne concernent que les victimes de licenciements économiques dans les entreprises de moins de 1000 salariés. Ces licenciements sont, il est vrai, très spectaculaires mais représentent seulement 2 à 3 % des sorties d’emploi… Les CTP coûtent donc très cher pour pas grand-chose. Mieux vaudrait arrêter la suppression de postes de fonctionnaires !

Pour le reste, -hormis l’avance sur les crédits d’impôts pour les employeurs particuliers, qui n’est pas une mauvaise idée mais qui aura un impact limité- Nicolas Sarkozy n’a fait que de vaines incantations. Appelant à une meilleure indemnisation du chômage pour les jeunes, et encourageant les partenaires sociaux à avancer sur la réforme de la formation professionnelle ou sur le dossier du travail le dimanche (comme si c’était la solution) le Président n’a fait que s’agiter sur des sujets déjà sur la table depuis plusieurs mois. Il voulait ainsi s’afficher comme un homme ouvert à la discussion mais n’a cependant pas manqué de rappeler qu’il trancherait lui-même in fine, s’il n’y avait pas d’accord.

D’autre part, méfions-nous de celui qui commence à se dire « socialiste » (devant le Parlement Européen) alors qu’il profite de la crise pour précariser davantage le marché du travail en proposant un assouplissement du recours aux CDD et qu’il s’entête à vouloir privatiser la Poste et à supprimer des postes dans la fonction publique !

Nicolas Sarkozy ne change pas ses habitudes : de la poudre aux yeux et de belles paroles. Mais toujours pas de plan de relance à l’horizon, ni de suppression du paquet fiscal…

Celui qui promettait d’aller « chercher la croissance avec les dents » connait maintenant la récession. Il déclare désormais « Je vais faire ce que je sais faire : je vais y aller à fond ».

Si c’est pour foncer droit dans le mur : non merci !

Richard Yung


Publié le 30 octobre 2008