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BIP N° 77 - Vaincre la guerre

La guerre israélo-palestinienne, qui dure depuis plus de 60 ans, a atteint de nouveau, depuis une semaine, un degré de violence équivalent à celui de l’été 2006. Tirs de missiles du Hamas qui frappent des civils en Israël, bombardements israéliens massifs sur la zone la plus densément peuplée du monde, faisant des morts par centaines et des blessés par milliers alors que les vivres manquent, que les hôpitaux n’ont plus d’équipements et de médicaments pour faire face à un afflux de blessés et que la population ne peut pas s’abriter ou s’enfuir : la barbarie.

Nous avons des compatriotes en Israël, tout particulièrement dans le sud touché mortellement par les missiles du Hamas. Nous avons aussi des compatriotes à Gaza terrés chez eux, à court de nourriture et sans moyen de se protéger des tonnes de bombes qui explosent. Au-delà de nos compatriotes, desquels nous nous sentons particulièrement solidaires, nous sommes animés d’une vive compassion pour toutes les victimes de la barbarie moderne, tous ces êtres humains dont nous ressentons la terreur, les souffrances. Nous pourrions être à leur place.

La fin de la trêve était l’heure de tous les dangers. Respectée par le Hamas depuis six mois, elle n’a pas eu plus de résultat pour la population prisonnière de Gaza assiégée que n’en ont les négociations menées par l’Autorité palestinienne pour la population de la Cisjordanie occupée.

Si l’on y ajoute les intérêts politiques du Hamas à l’échéance du mandat présidentiel de Mahmoud Abbas et les intérêts électoraux de Tzipi Livni ; si l’on y ajoute aussi la vacance du pouvoir à Washington et le satisfecit donné au gouvernement israélien par l’union Européenne le 9 décembre (accord du conseil européen pour le rehaussement du partenariat UE- Israël), la reprise des hostilités était écrite.

Les grands acteurs de la vie politique internationale, États-Unis, Union Européenne, Monde Arabe ont une lourde part de responsabilité. Laisser en tête à tête un état surarmé et un peuple affaibli, divisé et qui s’arme, sans rappeler le Droit et la simple humanité, laisser le siège de Gaza se poursuivre depuis 18 mois, refuser de dialoguer avec le Hamas, c’était faire pourrir la situation et provoquer l’explosion de la guerre ouverte.

Avec le PSE le parti socialiste doit peser pour changer la politique de l’Union Européenne. L’Europe doit cesser de financer d’une main la survie des Palestiniens soumis à l’occupation israélienne et de l’autre renforcer son partenariat avec l’occupant.

Seule une médiation internationale peut sortir les Israéliens et les Palestiniens d’une confrontation inégale et de plus en plus meurtrière pour les populations. Il faut revenir à la table de vraies négociations, avec tous les interlocuteurs sans exclusive et en finir avec les faux-semblants, Annapolis et autres…

Plus les jours passent, plus les souffrances donneront aux protagonistes de bonnes raisons d’en infliger de plus sévères à l’ennemi, dans ce cercle sans fin que dénonce David Grossman (Le Monde du 1er janvier). Un cessez-le-feu, la fin du blocus de Gaza, le secours aux populations. Soutenons tous ceux qui disent avec lui: « Stop ! On arrête…Allons dans le sens inverse de la loi du plus fort…. En démontrant ainsi notre capacité de retenue calculée et en invitant la communauté internationale, et les pays arabes à s’entremettre et à s’impliquer, notre position sera renforcée…Cela fournirait au Hamas une clé pour sortir la tête haute du piège dans lequel il s’est lui-même enfermé ».

Depuis 60 ans, la guerre ne fait que des vaincus. Faisons qu’un jour, il n’y ait plus que des vainqueurs dans une région honnêtement partagée entre tous ses habitants et pacifiée.

Monique Cerisier-ben Guiga


Publié le 02 janvier 2009