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Renaud Vignal nous quitte

Impavide, généreux, vibrant de toute sa force de conviction, telle est l'image que nous laisse l'Ambassadeur Renaud Vignal, qui vient de nous quitter à l'âge de 63 ans, à l'issue d'une dure maladie, traversée avec un admirable stoïcisme. Renaud Vignal, c'est l'histoire de la Gauche au Ministère des Affaires étrangères pendant plus de trente ans : depuis les années 1970, où on le voyait arpenter les couloirs du Quai d'Orsay enveloppé d'une longue écharpe rouge, jusqu'à ses dernières ambassades, celle d'Abidjan, de 2001 à 2003, puis celle de Jakarta. Deux séjours agités, chacun dans son genre. En Côte d'Ivoire, il dissimulait de moins en moins les réserves que lui inspirait les évolutions en cours. Ceci avait écourté son séjour. En Indonésie, il avait mobilisé de façon exemplaire son ambassade à l'occasion de la tragédie du Tsunami, ce qui n'avait pas empêché son rappel à Paris presque aussitôt après.
Renaud Vignal, c'est aussi la contribution à l'organisation du voyage du leader de l'opposition François Mitterrand aux États-unis, alors que le Quai d'Orsay traitait ce dernier en pestiféré, c'est l'aventure de la première réforme de la Coopération française avec Jean-Pierre Cot, dont il avait été le chargé de mission et le directeur de cabinet. Parti ensuite comme Consul général à Québec, il y a maintenu pendant cinq ans la flamme de la solidarité avec "la Belle Province". Il sera ensuite ambassadeur aux Seychelles, en Roumanie, en Argentine, laissant en tous ces lieux un très fort souvenir.
Renaud Vignal a démontré que l'on pouvait être diplomate sans cesser d'être courageux ni d'être de gauche, et que l'on pouvait être de gauche, pleinement de gauche, sans cesser d'être diplomate. Une belle leçon de vie et de professionnalisme.

François Nicoullaud


Publié le 26 mars 2007