LISTE DES ARTICLES

BIP n° 5 - Pas d'argent pour l'aide sociale

La dernière réunion, le 7 mars, de la Commission permanente pour la protection sociale des Français à l’étranger (CPPAS) a confirmé la politique de rigueur et de privatisation du ministère des Affaires étrangères. Aux dépens des innombrables Français dans la détresse, âgés ou handicapés, qui, a rappelé l’ADFE, vivent à la frontière de la misère quand ils ne se retrouvent pas dénués de toutes ressources.
Sont atteints en particulier nos compatriotes qui n’ont pas encore atteint les 65 ans. Ils n’ont donc pas droit à l’allocation de solidarité. Il existait jusque là un fonds d’allocations à durée déterminée, permettant de faire la soudure. Il a diminué de 57 % l’an dernier, et contient tout juste 152 530 euros. La dotation pour les secours occasionnels, prévue pour faire face à des situations urgentes, a également été réduite, de 10 % (358 000 euros). Avec pour argument imparable que les consulats n’utilisent pas, ou peu, l’enveloppe à leur disposition.
Non que les besoins aient diminué, mais la consigne est de ne pas y répondre, de façon à faire des économies, et de transférer l’aide sociale aux sociétés de bienfaisance. Elles sont d’ailleurs les principales bénéficiaires de la distribution des fonds publics : en 2005 elles vont recevoir 40 % d’argent en plus, soit plus d’un million d’euros.
Nos représentantes ADFE, Marion Berthoud et Thérèse Paraiso, ont dénoncé un autre moyen d’épargner sur l’aide distribuée : les taux de base ne sont pas revalorisés, car il est fixé sur le plus petit salaire local payé par l’ambassade ou le consulat. Dans beaucoup de pays pauvres, le salaire du gardien, du jardinier, atteint à peine le SMIC local, souvent très inférieur à 100 euros mensuels, ce qui ne permet même pas de survivre.
Devant la Commission permanente, les services du MAE se sont félicités de ce que les consulats aient résorbé le déficit « grâce à une gestion rigoureuse », ce qui signifie verser les aides au compte-goutte.
Cette politique justifie sans doute que pour la troisième année consécutive la dotation n’augmente pas. Elle reste strictement identique, à l’euro près : 17 838 934. Les besoins augmentent ? De plus en plus de personnes vivent dans la précarité ? Aux représentants de l’ADFE qui s’indignaient, le Directeur des Français à l’étranger a répondu froidement que c’est le cadet de ses soucis : ses services « ne sont pas là pour répondre aux besoins, mais pour gérer l’aide publique ».
Voilà qui a au moins le mérite de la clarté. Il ne s’agit plus de secourir, de témoigner aux Français hors de France de la solidarité nationale, mais de faire des économies ; il ne faut plus utiliser les fonds publics mais privatiser l’aide sociale en la transférant aux associations de bienfaisance.

C’est d’une autre politique sociale et d’une autre pratique que les Français à l’Etranger ont besoin, et que le Parti Socialiste entend proposer à l’ADFE et aux partis de gauche, sur les bases des propositions faites par la sénatrice Monique Cerisier Ben Guiga :

  • développer la dotation budgétaire jusqu’à ce qu’elle soit l’équivalent de celle d’un département français de population similaire ;
  • mettre la politique sociale sous le contrôle de l’AFE, doter celle-ci de ressources propres ;
  • créer 15 postes d’assistant/e sociale sur 5 ans dans les consulats généraux de plus de 8 000 immatriculés dans les pays où cela est nécessaire ;
  • développer la formation professionnelle pour les jeunes adultes ;
  • encourager la réinsertion sociale des  adultes dans leur pays de résidence ;
  • mettre en place une Allocation Locale d’Insertion Sociale (ALIS) sur le modèle du RMI, ainsi qu’un Revenu Local de substitution ;
  • aider les personnes âgées indigentes (logement, couverture médicale).

Richard Yung
Sénateur des Français à l’étranger


Publié le 04 avril 2005