BIP n° 29 - La carte scolaire en question - 14/09/2006
Le débat sur la carte scolaire
est très important, car il exprime le souci bien naturel des familles de mettre
leurs enfants dans une « bonne » école. Celles qui en ont les moyens s’arrangent
pour contourner la loi : obtenir des dérogations pour une langue « rare » ou une
option artistique ou sportive, voire donner de fausses adresses. Ce qui suppose
du temps et de l’argent pour les longs trajets scolaires, qui ne sont d’ailleurs
pas très bons pour l’enfant. Conséquence, du moins dans les grandes villes :
constitution d’une école à deux vitesses, avec dans le centre-ville des
établissements renommés, où l’enseignement est efficace car élèves et
professeurs sont sélectionnés, et dans les banlieues défavorisées les enfants en
difficulté, qui n’ont pas d’aide à la maison, et les maîtres débutants.
S’il
y a débat parmi nous, c’est que la question touche à l’une de nos valeurs
fondamentales : le principe d’égalité. A la droite qui brandit la fameuse
liberté de choix de l’école – cela figure dans la plate-forme de l’UMP -, la
gauche répond égalité des conditions d’enseignement, et défend les vertus
d’intégration que permet la mixité sociale de l’école de la République.
Il
faut admettre que la mixité sociale n’est pas réalisée. Faut-il pour autant,
parce qu’elle n’est pas respectée, supprimer la carte scolaire ? Le remède
serait pire que le mal, car le résultat serait d’accélérer et généraliser la
ségrégation scolaire – on le sait, la liberté profite aux plus aisés. La
solution séduisante du « busing » américain, supposée rétablir le mélange social
à coup de transports en bus publics, a tout bonnement provoqué une ruée des
classes favorisées vers les écoles privées.
Alors, quelles solutions ?
Certaines sont du domaine de la politique scolaire : donner plus, beaucoup
plus de moyens aux ZEP, y attirer des enseignants spécialement qualifiés,
installer des collèges et des lycées dans les zones difficiles, y enseigner des
langues rares et les options artistiques et sportives. Ce qui implique
d’attribuer aux départements les moyens nécessaires… tout le contraire de ce que
fait la droite.
Quant à la carte scolaire, au lieu de la supprimer ou de
l’assouplir, on pourrait imaginer de la redessiner, en tenant compte par exemple
des transports en commun.
L’école n’est pas seulement un
lieu d’enseignement, elle est aussi un formidable outil d’intégration et de
brassage social. A ce titre, le débat sur la carte scolaire est un révélateur du
clivage gauche-droite. Les positions du PS sont claires et volontaristes, ainsi
lorsque notre Projet annonce : « nous ferons évoluer le collège pour qu’il ne
soit plus le lieu du tri social ».
Richard
Yung
Sénateur représentant les Français établis hors
de France