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BIP n° 47 - Nous voulons du nouveau !

Les élections législatives n’ont donc pas donné à l’UMP l’écrasante majorité qu’attendait le Président de la République. En accordant seulement 49,55 % des voix à la droite et 48,75 à la gauche, au second tour des législatives, les Français ont voulu apporter un correctif à leur vote des présidentielles, où ils avaient donné 53 % à Nicolas Sarkozy et 47 % à Ségolène Royal.

Ce réajustement a plusieurs significations. Certes, les mesures anti-sociales annoncées par le gouvernement ont ramené aux urnes les abstentionnistes de gauche. Elle montre aussi que les électeurs du MoDem ont choisi le camp de l’opposition. Elle s’explique plus profondément par la volonté de tempérer les pouvoirs exorbitants que, paradoxalement, l’électorat avait dévolus à Sarkozy. Les Français veulent, en bons républicains, que, face au pouvoir, il y ait un contrepouvoir.

A l’intérieur de chaque camp, on constate d’autre part une nette bipolarisation, bien que le PC ait presque retrouvé son étiage de 2002. Sans reprendre les discours de François Bayrou sur la place indispensable d’un « centre » qui ne soit ni à gauche ni à droite, il faut déplorer que le système électoral écrase les petits partis, et militer en faveur de l’introduction d’une dose de proportionnelle.

Les législatives ont permis un certain renouvellement des députés, qui ne s’est malheureusement pas traduit pas l’arrivée d’élus « de la diversité » comme on dit dorénavant. Les femmes sont plus nombreuses, 18,54 % au lieu de 12,3 %, mais c’est encore ridiculement bas, et la France reste toujours en queue de peloton dans le classement mondial de la parité en politique. Il y a cependant plus de députées à gauche (61) qu’à droite (46), soit proportionnellement deux fois plus.

Notons enfin l’étonnante contradiction de l’électorat socialiste, qui n’a pas voulu que la candidate du PS devienne Présidente, mais envoie à l’Assemblée un tiers de députés socialistes en plus. L’image du PS serait donc toujours celle d’un parti d’opposition et non de gouvernement, il ne serait pas perçu comme apte à occuper la magistrature suprême, mais juste bon pour la gestion locale, au niveau des communes, des départements, des régions.

Comment sortir de cette image qui nous condamne à l’opposition, la dénonciation, la contestation ? Ces scrutins font au PS l’obligation de se réformer au plus vite et en profondeur. Rajeunir ses cadres, se donner des responsables neufs, inventer des propositions nouvelles adaptées aux transformations de la société, repenser sa stratégie : c’est la tâche qui attend tous les socialistes, et que nous devons réussir pour redevenir le parti de gauche capable de gagner les prochaines élections nationales.

Le 17 juin 2007
Monique Cerisier-ben-Guiga et Richard Yung
Sénateurs des Français établis hors de France


Publié le 17 juin 2007