BIP n° 19 - Vœux pieux et mauvaises mains
Les fêtes passées, il reste un
goût d'amertume dans la bouche des Français.
Les chiffres du chômage
régresseraient - mais c'est grâce aux manipulations des statistiques et aux
départs à la retraite. La sécurité des personnes, bien loin de s'être améliorée
malgré les coups de menton et les rodomontades sarkoziennes, s'est dégradée
sensiblement entre 2004 et 2005. La révolte des banlieues, aujourd'hui
apparemment assoupie, a montré qu'une partie de la population et des jeunes
issus de l'immigration se sent exclue de la société. Les avoir traités de
« racaille » à nettoyer « au kärcher » n'a certainement pas contribué à régler
des problèmes toujours brûlants.
Plus profond encore, il y ces vœux
permanents du Président de la République auxquels plus personne ne croit, et qui
dévalorisent la fonction présidentielle et nourrissent la défiance envers la
politique. Parmi les derniers, j'ai relevé la promesse d'une réforme du
financement de la sécurité sociale consistant à l'asseoir non plus sur les seuls
salaires mais sur la valeur ajoutée - idée pillée dans la motion de synthèse de
notre Congrès du Mans. Elle risque bien de se terminer par un cadeau
supplémentaire au MEDEF ; la même idée, en 2004, concernant la taxe
professionnelle, a abouti à un cadeau de plus de 3 milliards d'euros aux grandes
entreprises… Autres promesses en l'air : la parité dans les exécutifs des
régions et des communes, refusée par la propre majorité présidentielle ; la
suppression du célèbre article 4 de la loi sur la reconnaissance du rôle positif
de la colonisation, et bien d'autres.
De leur côté, le couple
Villepin-Sarkozy, opposés certes par leur rivalité personnelle mais bien en
phase pour une politique économique libérale et une politique sociale
répressive, s'efforcent de nous convaincre que les politiques classiques de
gauche comme de droite ne fonctionnent plus. Le « modèle social français »
serait responsable du chômage, il faut donc le réformer en accroissant encore la
flexibilité par la suppression des CDI et de la protection sociale, ce qui
entraînerait la généralisation de la précarité.
Ne nous laissons pas enfermer
dans cette fausse problématique. Nous savons bien que pas un emploi nouveau n'a
été créé depuis 2002, que les conditions de vie des Français se sont aggravées,
que la sécurité s'est dégradée constamment, que le déficit des finances
publiques est imputable essentiellement à Balladur et à Juppé, et qu'enfin la
détérioration de la balance commerciale donne du souci pour la compétitivité des
entreprises françaises. La France est décidément en de mauvaises
mains.
En même temps, ce constat nous donne
les grandes lignes de ce notre Projet : emploi, éducation, logement, fiscalité.
Jamais les conditions n'ont été davantage réunies pour la gauche soit
l'alternance. Sachons saisir notre chance !
Richard Yung
Sénateur représentant les Français établis
hors de France